Lettre d’un petit cochon au Parti animaliste

Saint Brieuc le 5 mars 2024

Bonjour,

Je m’appelle FR 35 ABC – 501 215

Je sais, c’est un drôle de nom mais c’est celui qui m’a été donné.

Je suis un petit cochon et je suis né en Bretagne. J’ai 6 mois mais je suis l’un des plus âgés parmi mes amis. Mes autres amis ont été emmenés et je ne les ai jamais revus. Je sens que ce sera bientôt mon tour, et j’ai peur.

Je n’ai pas eu de père.

Ma mère, elle, a vécu les trois quarts de sa vie immobilisée dans une stalle, dans un immense hangar. Elle a été inséminée artificiellement, six fois en deux ans, et je suis né lors de sa sixième portée. Ma mère avait mon âge quand elle a été inséminée pour la première fois. Je n’ai pas beaucoup connu ma mère car, après ma naissance, épuisée, elle aussi a été emmenée. Elle avait à peine 3 ans.

De toute façon nous avons été très vite séparés car, un mois après ma naissance, j’ai été placé dans un autre endroit de cet immense hangar. J’ai eu de la chance car certains de mes frères sont morts écrasés et d’autres, trop faibles, ont été projetés au sol et jetés dans une poubelle. Je crois même que certains étaient encore en vie à ce moment-là. 

Mais, aujourd’hui, je me demande si leur sort n’était pas plus enviable que le mien.

Car j’aurai vécu toute ma vie dans un local sans lumière naturelle et sur un sol fait de caillebotis sous lequel s’accumulent nos excréments. J’ai été engraissé, dopé et gavé d’antibiotiques, on a coupé ma queue et limé mes dents, à vif (un sale moment !).

Parfois, il m’arrivait de croiser le regard d’un humain, mais je voyais dans ses yeux indifférents que, pour lui, je n’étais rien.

Mon sort n’est pas enviable, mais je ne suis pas le seul. Nous sommes 25 millions de petits cochons à connaître ce même sort, chaque année, en France. Et c’est pareil pour les 35 millions de poules pondeuses, les 85 millions de lapins, les 800 millions de poulets de chair et bien d’autres.

Je vous écris aussi au nom des 40 millions de victimes des chasseurs, au nom des milliards de poissons pris dans les filets des pêcheurs ou élevés dans des bassins surpeuplés. Je vous écris au nom des taureaux torturés à mort dans les arènes et des coqs qui s’entretuent pour le plaisir de quelques-uns.

Je vous écris au nom de tous les animaux exploités, mis en cages, maltraités, torturés.

Nous sommes le peuple du monde.

Nous sommes ce peuple, au même titre que les humains qui, parfois, sont nos amis mais qui, souvent, sont nos tortionnaires.

Nous sommes ce peuple immense mais dont trop d’humains détournent le regard quand il s’agit de leur montrer notre souffrance.

Nous sommes ce peuple, mais nous n’avons pas la possibilité de nous exprimer pour faire valoir nos droits à la vie, à la paix, à la liberté ou à l’amour.

C’est pourquoi je m’adresse à vous.

Vous, le Parti animaliste, dans lequel nous plaçons tous nos espoirs. Vous qui avez compris que chacune de nos vies compte.

Bien sûr, des associations, qui viennent pour montrer nos conditions de vie et de mise à mort, font beaucoup pour nous.

Mais, dans la grand-messe qu’organisent régulièrement les humains pour régler le fonctionnement du monde, d’un monde qu’ils considèrent être le leur, vous êtes les seuls à pouvoir porter notre voix.

Quand vous lirez ce message, je ne serai plus de ce monde. J’aurai été enfin libéré de cette vie de souffrances, de cette vie que j’aurais préféré ne jamais vivre. 

Ce soir, trois millions d’entre nous auront encore été tués après avoir connu une vie de misère. Demain aussi, et les jours suivants !

Alors vous, nos amis du Parti animaliste, nous comptons sur vous. 

Nous savons que vous voulez nous sortir de cet enfer, que vous en avez fait le centre de votre combat, que vous le menez avec détermination, avec tout votre courage et avec tout votre cœur.

Ce combat, vous l’emporterez, j’en suis certain. Pour moi, il sera trop tard mais il y a encore tant de vies à sauver.

Alors, pour toutes ces vies là, MERCI !
FR 35 ABC – 501 215 

Texte de Denis Schmid

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