“L’appel de l’Océan

Pour la première fois, des caméras, stratégiquement placées sur la perche de dragage, nous plongent au plus près du chalutage de fond, cette technique de pêche dévastatrice, là où l’œil humain ne s’aventure jamais.

Ces images ont été réalisées par les équipes de David Attenborough pour son nouveau film documentaire “L’appel de l’Océan”, produit par National Geographic, et sont tirées de la bande annonce sortie le 5 mai dernier. “Après avoir passé ma vie à filmer la nature, je comprends maintenant que l’endroit le plus important sur Terre n’est pas la terre”, explique le célèbre naturaliste britannique dans la vidéo.

Ce documentaire est présenté comme une immersion au large, “à la découverte des fonds marins les plus spectaculaires de la planète”. Au cœur de ce documentaire, il y a nous. L’espèce humaine. Aussi bien notre dépendance à l’océan global, notamment en matière de pêche, que les conséquences du dérèglement climatique sur ce dernier et les espèces qui l’occupent.

Bientôt centenaire, David Attenborough est aujourd’hui une référence en matière d’exploration et de vulgarisation scientifique. Entre histoire et biologie, il est notamment réputé pour donner un éclat fantastique à la faune et la flore de notre planète, et a été un pionnier du documentaire scientifique. 

Des films comme celui-ci, David Attenborough en a écrits, produits et réalisés plusieurs, à commencer par sa série « Life on Earth » (La vie sur Terre), sortie en 1979, qui a été vue par 500 millions de personnes dans le monde. Fort d’un succès populaire et d’une notoriété mondiale, David Attenborough n’a cessé, pendant près de 80 ans, d’éduquer et de sensibiliser à la cause environnementale, en particulier à la BBC. Plus récemment, il signait l’excellente série documentaire Notre Planète, sortie en 2019 sur Netflix, qui traitait aussi bien des forêts tropicales et des déserts que des mondes polaires.

Éternel narrateur de ses documentaires, David Attenborough affirme dans celui-ci que « nous avons vidé la vie de nos océans« . Et nous alerte sur “les actions humaines qui ont conduit à l’effondrement des océans et les effets des techniques de pêche destructrices, comme le dragage et le chalutage de fond”.

En labourant les fonds marins, les chalutiers laissent dans leur sillon des nuages de sédiments en suspension. Ce phénomène est même observable depuis l’espace, comme on peut le constater dans les extraits du documentaire. Ces images rappellent aussi l’impact carbone de cette technique de pêche, car en retournant les fonds marins, de grandes quantités de CO2 sont libérées, contribuant au dérèglement climatique.

Rien qu’en France, on estime que 670 000 km2 de fonds marins sont détruits chaque année du fait du passage des 800 chalutiers français. Et le passage d’un seul d’entre eux tuerait entre 20 et 50 % des invertébrés présents sur la zone.

Mais ce documentaire se veut aussi optimiste, montrant “l’incroyable résilience des océans”, avec “leur remarquable capacité à se reconstituer lorsqu’ils sont protégés”. Il sortira en France et dans le monde sur Disney+ le dimanche 8 juin dans le cadre de la Journée mondiale des océans. L’occasion d’interpeller les dirigeants du monde entier qui se retrouveront à Nice du 9 au 13 juin prochains, pour la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan. L’avenir de nos océans, et donc de l’espèce humaine, s’y jouera.

Extrait de « La newsletter d’Hugo Clément »