Nourrir son bébé uniquement avec de la viande ? C’est la nouvelle tendance TikTok qui émerge aux États-Unis : les “carnivore babies”.

Décryptage d’une trend qui inquiète les pédiatres.

Cette semaine, on vous parle de la dernière trend qui a germé sur les réseaux sociaux aux États-Unis : les “carnivore babies”, (bébés carnivores en français). Une nouvelle tendance très sérieuse, mise en lumière dans un article du Wall Street Journal paru en août dernier. 
Elle s’inscrit dans la continuité des régimes “carnivores” adoptés par certains adultes, à l’instar des régimes paléo ou kéto. L’idée est simple : se nourrir exclusivement à base de produits d’origine animale — viande, laitages, oeufs, cuits ou crus. Une tendance déjà très répandue sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois. 
Les “carnivore moms” vantent ce régime pour leurs enfants, qu’elles présentent comme riche en protéines et débarrassé presque totalement des glucides, une alimentation “au plus près du naturel” selon elles. Ces dernières semaines, plusieurs influenceuses ont décidé d’imposer ce mode alimentaire à leurs bébés et en font la promotion sur TikTok et Instagram. Certaines vont même jusqu’à mâcher elles-mêmes de la viande cuite avant de la donner à leurs enfants.
Dans ces vidéos, les parents justifient cet excès de viande en expliquant que leurs enfants dorment mieux, font preuve d’une santé de fer et même de capacités cérébrales précoces. Sauf que… les bébés n’ont pas du tout le même régime alimentaire que les adultes. Et si le régime carnivore est déjà loin de faire l’unanimité dans les communautés médicales pour les adultes, il est d’autant plus critiqué pour les enfants.
Plusieurs études montrent en effet qu’une consommation importante de viande rouge ou transformée peut augmenter les risques de maladies cardio-vasculaires, de diabète ou encore de certains cancers. D’autres pointent la pression que peut exercer un tel régime sur les organes vitaux comme les reins.
Interrogé par Le Figaro, Véronique Abadie, professeure au sein du service de pédiatrie générale de l’Hôpital Necker-Enfants à Paris alerte sur les dangers de cette nouvelle tendance et dénonce un régime “inutile et dangereux”. “Les protéines sont essentielles pour la structure et la croissance des organes, mais elles ne doivent pas représenter plus de 20 % des apports chez l’enfant. Au-delà, on va retrouver de l’azote et de l’urée dans les urines, ce qui est néfaste pour les reins”, explique-t-elle.
Pour cette pédiatre, ce type de régime appauvrit aussi “l’éducation gustative des plus petits” en les privant de nouvelles saveurs. Ils pourraient être incapables de diversifier leur alimentation en grandissant. 
5 fruits et légumes par jour 
Concernant l’alimentation des enfants, la médecine est claire : les enfants ont besoin de fibres, d’antioxydants et de polyphénols contenus… dans les fruits et légumes. Par ailleurs, les recommandations de l’Anses sur le sujet restent les mêmes : conserver une alimentation variée, pour les adultes comme pour les enfants.
Enfin, rappelons qu’une consommation excessive de viande est néfaste pour la planète. Selon l’ONU, l’élevage est responsable de 12 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. De même, la production de viande est aussi très gourmande en eau, en céréales et participe largement à la déforestation.

De la newsletter d’Hugo Clement