Aïna Queiroz, biologiste, experte du biomimétisme et conférencière, que l’on retrouve aussi sous le surnom d’Aïna l’exploratrice qu’elle endosse pleinement aujourd’hui, est une passionnée du vivant. Elle nous partage sa fascination pour les plantes et leurs propriétés insoupçonnées.
LR&LP : Les plantes sont capables de choses étonnantes. Auriez-vous des exemples à nous donner ? |
Les scientifiques parlent de sensibilité végétale : les plantes perçoivent leur environnement grâce à des systèmes sensoriels très différents des nôtres, mais qui leur permettent, à leur façon, d’entendre, de voir, de toucher, de goûter et de sentir. |
Les plantes communiquent via leurs réseaux racinaires, mais aussi via les airs grâce aux composés organiques volatiles. Elles sont capables d’échanger des messages très fins. Par exemple, une plante est capable de prévenir les plantes à ses côtés quand un herbivore mange trop afin qu’elles puissent charger leurs feuilles en tanin, ce qui leur donne un goût désagréable. |
Les plantes sont également capables d’entendre un herbivore qui les mange. Et le simple son d’une chenille (comme Pieris rapae) va déclencher la production de tanin chez une plante (Arabidopsis thaliana, par exemple). |
Des chercheurs ont montré que les racines de pois peuvent détecter les vibrations émises par l’eau qui s’écoule dans des tuyaux, même sans humidité présente dans le sol. Cette perception acoustique guide leur croissance vers la source. Cela suggère que les plantes « écoutent » leur environnement pour survivre. |
LR&LP : Les plantes sont-elles capables de résoudre des problèmes complexes ? |
Les recherches récentes en neurobiologie végétale révèlent que les plantes peuvent traiter l’information, prendre des décisions et s’adapter à des défis complexes. Par exemple, elles optimisent leur croissance en « calculant » la meilleure trajectoire pour atteindre la lumière tout en évitant les obstacles. Les racines explorent le sol de manière stratégique, évaluant la disponibilité en nutriments et en eau pour orienter leur développement. |
Les plantes démontrent aussi une forme de « mémoire » : elles peuvent se souvenir d’expériences passées (stress hydrique, attaques d’insectes) et modifier leur comportement futur en conséquence. Certaines espèces comme la sensitive (Mimosa pudica) peuvent même « apprendre » à ne plus réagir à des stimuli répétitifs non dangereux. |