Les animaux marins ne peuvent pas s’exprimer sur les consultations publiques alors on vous demande de le faire pour eux !
Une consultation publique est ouverte pour attribuer à EDF Renouvelables des dérogations à l’interdiction de destruction et de perturbation intentionnelle pour 28 espèces protégées : 20 espèces d’oiseaux marins, 4 espèces de chiroptères (chauve-souris) et 4 espèces de mammifères marins.
Ces dérogations portent sur un projet de 64 éoliennes de 179 mètres de haut, de type « monopieu », 45.3 km carrés, 448 MW qui seraient construites à seulement 10 km des côtes, pour lequel le CNPN (Conseil National pour la Protection de la Nature) a rendu un avis NÉGATIF pour de nombreuses raisons :
- Il n’existe aucune prise en compte de la biodiversité dans le choix de l’emplacement du projet. La biodiversité n’est clairement qu’une variable d’ajustement dans ce projet.
- Le projet est trop près de côtes contrairement à l’avis des scientifiques qui préconisent un éloignement de 40 km des côtes (les éoliennes flottantes existent aujourd’hui et permettent d’éloigner les projets des côtes). Les zones côtières en France sont des corridors migratoires et des hotspots de biodiversité dans lesquels de tels projets industriels n’ont pas leur place.
- Non-respect de l’obligation de prendre en compte les autres projets alternatifs moins destructeurs pour la biodiversité.
- Le diagnostic écologique est insuffisant selon les scientifiques du CNPN.
- Aucune prise en compte de l’impact du champs électromagnétique sur les mammifères marins alors que celui-ci est désormais avéré. Cela engendre des perturbations d’orientation notamment en migration ((Walker et al., 2005 ; Gill et al., 2005 ; Jarvis, 2005)
- L’impact des collisions avec les pales est minimisé dans ce dossier. En effet, comme pour tous les autres parcs éoliens offshore (cf. autosaisine du CNPN 2021), l’estimation des mortalités par collision est issue d’hypothèses optimistes théoriques de capacité d’évitement des éoliennes basées sur les caractéristiques physiques des espèces.
- Le type d’éoliennes choisies ne permet pas d’éviter au maximum les collisions. Leur tirant d’air sous pâles (airgap) est réduit à 25 m, ce qui augmente inévitablement la mortalité des oiseaux marins.
- L’effet cumulé des mortalités d’oiseaux et de chiroptères par les différents parcs éoliens offshore (qui vont ponctuer l’ensemble du parcours des oiseaux et chiroptères migrateurs de la Mer du Nord à l’Atlantique et la Méditerranée) n’est jamais pris en compte, ce projet ne fait pas exception.
- La séquence ERC (Eviter Réduire Compenser) qui est imposée par les textes n’est pas correctement appliquée. Une seule mesure de compensation est mise en œuvre. Elle est considérée par les scientifiques comme peu convaincante.
- Le CNPN estime qu’il est inacceptable qu’aucune mesure de bridage des éoliennes ne soit proposée, ni aucune mesure de l’intensité des migrations des oiseaux et des chiroptères et des conditions météorologiques permettant d’anticiper leur passage (comme cela a notamment été décidé aux Pays-Bas).
- Il n’est pas non plus acceptable que le dispositif de mesure réelle de la mortalité des oiseaux et des chiroptères proposé par le CNPN dans son auto-saisine de 2021 sur l’éolien offshore ne soit pas mis en place afin de valider les calculs trop théoriques (et trop optimistes) des mortalités par la méthode des CRM (c’est à dire que les mortalités par collision sont issues d’hypothèses optimistes théoriques de capacité d’évitement des éoliennes basées sur les caractéristiques physiques des espèces).
- Enfin il est critiquable qu’il n’existe pas de mât de mesure pour les chiroptères et que les mesures réalisées se soit appuyées sur le mât de mesure du projet de Fécamp.
- La participation à la consultation est organisée sous forme de questionnaire auquel vous pouvez répondre avec les éléments de réponse ci-dessus (il faut éviter au maximum les copier-coller pour que votre participation soit prise en compte).
Cliquez ici pour accéder à la consultation
Un premier encart vous permet de faire un commentaire général sur la demande de dérogation.
Un deuxième encart vous interroge sur vos propositions de solution, ne vous laissez pas désarçonner par cette question !
Il y a des solutions telles que l’éloignement du projet des côtes, la mise en place d’un bridage des éoliennes, d’un mât de mesure pour les chiroptères, le couplage d’un radar, d’une caméra thermique, d’un enregistreur de sons et d’un enregistreur d’ultrasons pour permettre de suivre la chute des cadavres en identifiant les espèces d’oiseaux et de chiroptères, car il est impossible autrement de mesurer la mortalité de ces animaux en mer.
Des mesures de l’intensité des migrations sont indispensables afin de dresser un état initial sérieux. Le type d’éoliennes choisies ne permet pas non plus d’éviter au maximum les collisions. Enfin la sensibilité des mammifères marins aux champs électromagnétiques impose que les câbles soient isolés. Il incombe à l’opérateur de trouver toutes les solutions techniques possibles et existantes et de les financer pour limiter véritablement au maximum son impact sur la biodiversité, ce qui, en l’état, n’est manifestement pas le cas.
Un troisième encart vous invite à dire si vous êtes favorables, défavorables ou indifférents à la délivrance de ces autorisations (il vous suffit de cocher la case).
Ensuite votre nom, prénom et votre commune de résidence vous sont demandés. (Vous pouvez si vous le souhaitez imprimer votre participation et nous l’adresser à l’adresse consultation@seashepherd.fr).
Pour mieux comprendre le contexte :
De façon totalement scandaleuse, l’État n’avait rien trouvé à redire au fait qu’EDF Renouvelables envisage de réaliser un projet d’une telle ampleur sans demander de dérogations de destruction d’espèces protégées malgré la présence, par exemple, de 164 espèces d’oiseaux protégés observées dans les aires d’étude du projet. Aussi nous avons introduit un recours afin de demander à ce que l’État impose à l’opérateur de demander une telle dérogation.
En effet, le 17 octobre 2022, Sea Shepherd France, l’association « Belle Normandie Environnement » (BNE) et le Groupement Régional des Associations de Protection de l’Environnement (GRAPE)d’une part, ainsi que l’Organisation des Pêcheurs Normands (OPN) d’autre part, ont déposé des recours contre le projet en raison de l’insuffisance de l’étude d’impact réalisée en 2014 par le cabinet In Vivo ainsi que l’absence intolérable de dérogations à l’interdiction de destruction d’espèces protégées.
L’affaire est en cours mais pour devancer la décision de Justice et éviter une possible condamnation, EDF Renouvelables et l’État organisent une procédure d’octroi de dérogations à l’interdiction de destruction et de perturbation intentionnelle pour 28 espèces animales protégées : 20 espèces d’oiseaux marins, 4 espèces de chiroptères (chauve-souris) et 4 espèces de mammifères marins sont concernées, sachant que le chiffre est sous-évalué.
C’est le cabinet d’études « Natural Power » qui a été mandaté pour monter le dossier de demande. Il est intéressant de constater que ce cabinet n’hésite pas à défendre un dossier qui a reçu un avis extrêmement négatif du CNPN, tout en se présentant sur LinkedIn comme « un bureau indépendant d’étude et de conseils en énergies renouvelables qui agit pour la transparence et la pérennité »…
Ce projet s’inscrit dans la logique délirante que l’État français semble suivre depuis quelques années : sacrifier la vie marine (y compris les espèces menacées et protégées) au prétexte de lutter contre le changement climatique.
Depuis quelques années, Sea Shepherd France alerte sur les dérives de l’industrie éolienne off-shore lorsque celle-ci obtient tous les passe-droits environnementaux, dans le mépris des avertissements scientifiques et dans un déni des intérêts de la biodiversité marine, qui reste notre principale alliée dans la lutte contre le changement climatique – contre lequel cette industrie prétend lutter.
Dans l’hypothèse où l’État délivrerait l’autorisation malgré ces lacunes, nous attaquerons cette décision illégale devant le juge administratif.
Si vous souhaitez approfondir, voici le lien vers les documents de la consultation, cliquez ici
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