Je suis actuellement au Groenland, où le capitaine, fondateur de Sea Shepherd, est emprisonné depuis 136 jours, pour avoir protégé les baleines. J’ai pu interviewer Paul, qui a passé son 74ème anniversaire dans sa cellule. Les deux semaines à venir s’annoncent cruciales.
Salut tout le monde ! J’espère que vous allez bien.C’était un moment fort en émotions : hier, j’ai pu aller voir Paul Watson dans sa prison de Nuuk, au Groenland. J’ai obtenu l’autorisation de l’interviewer pour Vakita, et nous avons échangé pendant deux heures. La vidéo de notre entretien est en cours de montage et sera diffusée très bientôt sur le site de Vakita.
La prison de Nuuk ne ressemble à aucune autre. Elle est située en dehors de la ville, au milieu de la nature sauvage du Groenland, dans un cadre à la fois magnifique et hostile. Je l’ai prise en photo au moment d’atterrir, et j’ai eu des frissons à l’idée de savoir Paul enfermé là-dedans.
Lundi soir, pour qu’il ne se sente pas seul le soir de son 74ème anniversaire, Lamya Essemlali et les équipes de Sea Shepherd France ont déployé une baleine lumineuse sous les fenêtres de sa cellule. J’étais sur place et nous avons vu Paul dans l’embrasure de sa fenêtre, qui a pu interragir avec nous en faisant clignoter sa lumière. C’était beau et triste en même temps.
Le lendemain matin, lors de ma visite au parloir, j’ai trouvé Paul en pleine forme et déterminé à mener son combat jusqu’au bout, malgré 136 jours de détention. Nous savons que les deux prochaines semaines seront cruciales, puisque le ministre de la justice du Danemark rendra d’ici le 15 décembre sa décision d’extrader ou non Paul vers le Japon.
Autant dire qu’il reste seulement deux semaines pour empêcher la pire option possible. Car si Paul est envoyé au Japon, il risque quinze ans de prison, dans un système carcéral extrêmement dur, qui a été à de nombreuses reprises pointé du doigt par les organisations de défense des droits de l’homme. En clair, il me l’a dit hier, s’il part au Japon, il est certain de ne jamais en revenir.
Cette situation est invraisemblable quand on sait que le Japon enfreint la loi internationale en continuant à tuer illégalement des baleines. Les Japonais reprochent justement à Paul d’avoir fait entrave au bon déroulement de cette chasse baleinière, et d’avoir organisé le lancement d’une boule puante sur un navire japonais, qui aurait blessé un membre d’équipage.
Or, cet incident a été entièrement filmé par une équipe de télévision américaine, et les images disculpent Paul, puisqu’on voit clairement qu’il n’a pas fait ce qu’on lui reproche, et qu’à l’inverse, les chasseurs japonais ont, eux, eu un comportement dangereux, notamment en percutant volontairement un navire de Sea Shepherd.
Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, le tribunal du Groenland, qui maintient Paul en détention, refuse obstinément de regarder ces éléments de preuve. La diplomatie française s’active en coulisse pour négocier la libération de Paul avec les Danois et les Japonais mais, pour l’instant, ça bloque. Le Japon semble déterminé à obtenir sa vengeance, quel qu’en soit le prix.
L’opportunité d’accorder la nationalité française à Paul Watson est toujours dans la balance, mais avec l’instabilité gouvernementale, rien n’est confirmé. Bref, il y a plus que jamais besoin de faire un maximum de bruit autour de cette affaire, pour que le Danemark ne commette pas l’irréparable en livrant Paul au Japon.
Si le capitaine mourait dans une cellule japonaise pour avoir fait respecter la loi qui protège les baleines, ce serait une faillite collective de l’Union européenne et la victoire d’un État voyou qui contenu, à l’heure où j’écris ces lignes, à massacrer des baleines, pendant que Paul croupit en prison.
Je vous invite à parler de Paul Watson partout autour de vous, sur les réseaux sociaux et dans la “vraie” vie et à soutenir Sea Shepherd France dans la mesure de vos moyens, en faisant un don. Pour nous permettre de financer nos missions au Groenland (nous sommes, encore une fois, le seul média français sur place).