Chroniques réalisées par
La sélection officielle de la sixième édition du Prix Maya vient d’être dévoilée par le comité de lecture d’Éduc Pop Animaliste, association organisatrice de l’événement.
Les ouvrages lauréats seront choisis par un jury composé de 5 personnalités :
Emilie Dardenne, professeure des universités, responsable du D.U. « Animaux et société »;
Elodie Vieille-Blanchard, autrice spécialiste en nutrition végétalienne ;
Pierre Lucot, responsable du pôle nature du Mouvement Utopia ;
Camille Silvert, chargée de campagnes de l’association L214 Éthique & Animaux;
Sophie Wyseur, vétérinaire et vice-présidente de l’association Code Animal.
L’annonce des lauréats aura lieu le samedi 28 juin 2025 à Tours sous le matronage de l’artiste Florence Dellerie.
Les ouvrages nommés sont :
Roman / Récit
« Corps de ferme » – Agnés de Clairville
Quand on prend leur veau, les vaches chargent. Même si elles n’ont plus de cornes. Elles courent comme des génisses, sans la joie. Leur plainte envahit l’air froid. Traverse les prés. Frappe les carreaux de la ferme. S’insinue dans les oreilles. Elle devient un bourdonnement qui empêche de penser à autre chose. Qu’à cette mère qui appelle son veau. »
Tandis qu’ils œuvrent à leur survie, rien n’échappe aux animaux de la ferme. L’inquiétude de l’éleveur acculé par les échéanciers, les batailles des fils à mesure qu’ils grandissent, les pas de la femme, plus lourds que d’ordinaire. La vache, la chienne, le chat sont les vigies d’un monde rythmé par la vie et la mort. Leur ronde silencieuse ne connaît pas le contretemps. Mais dans cette ferme une tragédie a cours et personne n’en devine rien. Parce que les hommes sont aveugles, les bêtes vont témoigner.
Avec ce huis clos à ciel ouvert, où les cris des bêtes se mêlent aux secrets des hommes, Agnès de Clairville s’attache à renverser le regard. Qu’ont à nous dire les animaux sur notre rapport à la naissance et à la filiation ? Ici, l’animalité commande tout et les mots bousculent, jusqu’à l’inattendu.
« Premières plumes » – Charlie Glimour
Quelque part dans une zone industrielle de Londres, un oisillon tombe par terre. Quelqu’un le voit, le prend, le protège. Un homme, qui ne s’est jamais intéressé aux animaux, commence à s’en occuper. Mais il n’a aucune idée de comment l’élever, il sait juste que si on nourrit un corbeau, il peut nous crever les yeux. Il sait aussi que, 30 ans plus tôt, un autre oiseau tombé d’un nid s’est retrouvé entre les mains de l’homme qui allait devenir son père.
Premières plumes est un récit émouvant sur la façon dont un animal sauvage peut changer nos vies et nous aider à comprendre d’où on vient. Un livre sur ce qui unit et ce qui sépare quand on est lié par le sang, sur la transmission et la liberté, sur la filiation et l’attention à l’autre. Surprenant de bout en bout, ce premier récit drôle, profond, poétique, est superbement écrit : un livre capable de modifier notre regard sur la nature qui nous entoure. Mais, avant tout, c’est l’incroyable histoire d’amour entre un homme et une pie appelée Benzene.
« Frappabord » – Mireille Gagné
Province du Québec, 1942. Sur Grosse-Île, dans le fleuve Saint-Laurent qu’arpentent les sous-marins allemands, les gouvernements américain, britannique et canadien mettent en place un projet top secret. Des dizaines de scientifiques y sont réunis dans la plus grande discrétion, afin de mettre au point une arme bactériologique nouvelle. Des décennies plus tard, à l’occasion d’un épisode de canicule d’une ampleur inédite, des accès de rage bousculent la petite ville de Montmagny et ses alentours. Elle semble se propager comme une épidémie à mesure que les frappabords se multiplient.
Mireille Gagné fait preuve d’invention dans ce deuxième roman, un livre écologique, subtil et haletant, qui nous recommande d’écouter ce que le vivant essaie de dire : l’équilibre est un état à retrouver.
Vous auriez probablement ressenti de la nausée en nous voyant surgir sur les berges du Saint-Laurent : une nuée de frappabords, en une seule main sombre et vorace, caressant les herbes hautes au lever du soleil.
- Ovidie, Assise, debout, couchée, J.C. Lattès.
- T.C Boyle, Parle-moi, traduit de l’anglais (États-Unis) par Bernard Turle, Grasset.
Bande dessinée / Manga
Natsumi, Changer le monde, traduit du japonais par Julie Stephan, Evalou.
S’il te plaît, dessine-moi un cachalot. – Pome Bernos et François Sarano,
Équipée de sa seule boîte de crayons de couleur, elle s’est mise en tête d’interroger le célèbre océanographe, plongeur et auteur pour tout savoir de la vie intime de ces énormes, mais placides, cétacés.
Ce livre est le récit de leur rencontre et de leurs échanges, raconté avec toute la fraîcheur inimitable et le style faussement naïf de l’illustratrice. Pome commence par apprendre à dessiner un cachalot puis, au gré des innombrables questions qui la taraudent, nous pénétrons dans l’intimité de la vie sociale d’une famille de géants des mers et découvrons en parallèle les coulisses de la recherche scientifique.
Avec humour et tendresse, mêlés de nombreuses références littéraires et cinématographiques, ce livre réussit le tour de force de nous faire comprendre des faits scientifiques parfois complexes avec légèreté.
Tepe La colline – Yasa Firat
Tepe est un conte beau et violent, sur l’humanité d’il y a des milliers d’années, mais c’est aussi une critique subtile des sociétés modernes, une réflexion sur la religion et sur notre relation avec la nature.
La truie, le juge et l’avocat – Garandon – Vidal
Des procès d’animaux eurent cours au Moyen Âge. Ici, les protagonistes sont : une brave truie, un sinistre juge et un avocat miséreux. Un récit historique et fantastique qui se rapproche de la fable.
Accusée d’avoir provoqué la mort d’un cavalier, une truie est conduite devant le tribunal : elle encourt la peine capitale. Le juge, un homme puissant qui n’a que mépris pour les êtres qu’il juge inférieurs, animaux, porchers ou même seulement femmes, fût-ce sa propre épouse, se trouve confronté contre toute attente à un avocat de talent qui défend avec ferveur la cause du malheureux animal…
- Anne Defreville, Mémoires d’un cétacé, Delcourt.
Littérature Jeunesse
Chronique ‘le chant de la grue » – Mona Leu Leu
Une découverte des grues, qui relatent elles-mêmes leur migration annuelle. De l’oeuf au premier vol, de la Suède au Maroc, ces oiseaux témoignent des trajets qui rythment leurs vies autour du monde. L’autrice sensibilise ainsi les jeunes enfants à l’importance de la préservation des écosystèmes, soulignant l’impact des hommes sur les habitats de cette espèce.
« La peau de l’ours » – Lionel Tarchala
Une découverte des grues, qui relatent elles-mêmes leur migration annuelle. De l’oeuf au premier vol, de la Suède au Maroc, ces oiseaux témoignent des trajets qui rythment leurs vies autour du monde. L’autrice sensibilise ainsi les jeunes enfants à l’importance de la préservation des écosystèmes, soulignant l’impact des hommes sur les habitats de cette espèce.
« TINO Un merle au jardin » – Nicolas Jolivot
Un merle vit dans mon jardin, à moins que ce ne soit l’inverse !
Dans son précédent livre Voyages dans mon jardin (2021), Nicolas Jolivot écrivait :
« Maintenant j’en suis sûr, Tino discute avec moi. J’ose à peine raconter cette histoire. On va croire que le jardin me rend gentiment béat. »
Trois ans plus tard, c’est bien cette histoire qu’il nous raconte, celle de son rapprochement, une année durant, d’un merle qui le reconnait.
Loin de la description d’un oiseau anonyme, l’auteur invite à entrer dans la vie de Tino au fil de cette biographie inédite et émouvante.
L’ours des Oroquen – Blackcrane – Jiu Er
Et si on apprenait à connaître et comprendre le monde animal, sans le déranger ?
Une splendeur !
Dès 5 ans et pour tous
- Marie Caudry, Naître animal : les fascinants secrets de famille des animaux, Casterman.